Texte de Marie-Hélène Bahain
Explorer la surface des toiles de René Patron, c'était entrer dans les formes, réfléchir les couleurs (ô les couleurs, somptueuses, fortes, les couleurs lumières, lumières porteuses d'obscurité et les soutenant), les assimiler après s'y être soumis, les restituer dans le secret du corps qui vibre. Tout cela ne suffit plus, dorénavant, sa peinture exige ce qui n'était que proposition, il nous faut descendre en profondeur. Une nouvelle dimension est ajoutée. Si cette dimension-là existait déjà, ce qui est possible, il y avait un obstacle au franchissement. Désormais le peintre ôte la difficulté, il va au-devant du regard qui s'écoule à travers des filets sombres ou lève un voile délicat de transparences laiteuses, opalescentes. L'oeil avance vers la recherche qui a précédé le mouvement. De toile en toile, on progresse, les sens en alerte, l'émotion à fleur de peau et, malgré tout, veillant. Veillant à lui, l'artiste, là au coeur, lui qui se livre toujours plus, approchant près, très près, le creuset incandescent de toute création.
Marie-Hélène Bahain
Octobre 2006